PROBLÈME D’ABUS DES DROGUES; LA SANCTION EST-ELLE LA MEILLEURE SOLUTION?

NON, NON, NON

Les consommateurs de drogues ne sont pas nécessairement des délinquants, même si une grande majorité d’entre eux est engagée dans des comportements asociaux ou antisociaux (vol, agressions, violence scolaire, grand banditisme, trafic d’organes, terrorisme…).

La tendance à généraliser ou à réduire l’abus de drogue à des conduites délictuelles est un piège dans lequel certaines familles, certaines institutions (écoles, gouvernements…) tombent facilement. Devant la question de la drogue, il faut toujours faire preuve en même temps de beaucoup de rigueur, mais aussi de beaucoup de prudence et de discernement. La sanction à tout prix n’a jamais résolu le problème, ni du trafic, ni de la consommation des drogues licites et illicites. D’ailleurs, contrairement à ce qu’on attendrait, dans les pays où le cannabis a été légalisé (Hollande, Portugal, Uruguay…), on a paradoxalement vu sa consommation plutôt diminuer. Les études économiques et criminologiques sur les drogues, conduites par les commissions spécialisées des Nations Unies, ont conclu qu’à l’échèle mondiale, la répression est une stratégie inefficace.

Le problème des drogues devrait donc être abordé différemment dans chaque société, en analysant profondément la place et le rôle que peut jouer chacun des acteurs, mais surtout en prenant en considération les multiples fonctions que ces substances assurent chez leurs utilisateurs. Suivant les cas, la consommation des drogues assure chez les consommateurs, soit une fonction de socialisation, soit une fonction hédonique (recherche de plaisir), soit une fonction économique (recherche d’argent, de courage…), soit une fonction thérapeutique (gestion de l’angoisse, pansement des blessures psychiques post-traumatiques).

À l’échelon familial, eu égard l’ampleur du phénomène, la question de la drogue doit faire partie des préoccupations de chaque parent ; ainsi, il importe de savoir :- quand parler de la drogue, – comment parler de la drogue, – à quel moment parler de la drogue et surtout pourquoi parler de la drogue à son enfant.Ne pas le faire relève simplement de la politique de l’autruche, chaque enfant ayant aujourd’hui au Cameroun, en ville comme en campagne, au moins 1 chance sur 3 de côtoyer un camarade qui en consomme sur son chemin de l’école. Pour ne pas avoir à culpabiliser après, mieux vaut aborder le sujet, quitte à ce que le jeune en fasse la découverte après en avoir entendu parler, de la bouche d’une personne qui l’aime et qui croit en lui.

D’ailleurs, la violence verbale ou physique et autres sanctions auxquelles font recours les parents lorsqu’ils découvrent de façon surprenante que l’enfant a déjà sombré dans l’univers carcéral de l’abus des drogues, est généralement contre productive, puisqu’elles produisent très souvent le contraire de l’effet escompté. A ce moment très souvent, il est tard et inutile de sanctionner ; plus on sanctionne un jeune en situation d’addiction aux drogues, plus on enfonce le clou.

Il faut envisager la question de la drogue dans chaque société à travers trois enjeux majeurs qui sont interdépendants: la santé publique, la sécurité publique, mais aussi le social.

Ainsi, une politique qui repose uniquement sur la répression et qui occulte la prise en charge des « victimes » est vouée à l’échec. De même, une société qui ne réactualise pas sa politique de prévention et de lutte contre les drogues ne survivra que difficilement à leurs conséquences.

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